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Résultats Groupe Fnac-Darty : compte rendu conférence de presse CGT

Les élus CGT du Groupe Fnac  Darty ont conviés la presse le mardi 28 février 2017 afin de donner des clés de lecture des résultats qui vont être  présentés ce même jour par Alexandre Bompard, PDG de la Fnac.

En effet, comme chaque année, le PDG communiquera avec satisfaction les résultats financiers de l’entreprise, les élus souhaitent traduire dans un langage simple la réalité de cette communication et les conséquences de celle-ci sur la vie de l’entreprise et les conditions de travail des salariés.

Pour ce faire, ils reviennent  sur les résultats 2015. Pour 2 raisons :

  • L’acquisition de DARTY conduira le groupe à communiquer en fin de journée sur des comptes consolidés au périmètre FNAC DARTY. C’est une situation qui, même si quelques données seront établies en « pro forma » à titre de comparaison,  fera perdre en transparence sur la comparabilité entre 2015 et 2016.
  • C’est bien sur la base de ces résultats que Bompard a réussi à « embarquer » investisseurs et banquiers dans l’opération Darty

En 2015, la progression du Chiffre d’Affaires était due à un changement  de méthode comptable sans lequel, ni le  Résultat Opérationnel, ni la marge ne seraient en hausse. (Produit de la non utilisation des cartes cadeaux et comptabilisation de la dépréciation des stocks des Produits Editoriaux). Ce changement de méthode a permis de gonfler  artificiellement  la marge brute France de 7,1M€. Cette opération, même  si elle est légale, ne restitue pas le résultat de l’activité de commerçant de la Fnac mais juste un jonglage financier pour améliorer ses résultats.

La poursuite de la croissance mise en avant par la Fnac s’appuie majoritairement sur le développement du Web et de la franchise au détriment des magasins physiques qui  sont cependant encore aujourd’hui les premiers générateurs de ressources pour la Fnac. Ces magasins sont soumis à des contraintes de réductions de marges afin de garantir un niveau de prix concurrentiel de Fnac.com face à Amazon. De plus, ces magasins souffrent d’un manque d’investissement chronique, qui pour certains, alertent sur leur pérennité.

Concernant la stratégie, dont Bompard se félicite, force est de constater qu’elle est basée sur  des « gains d’efficacité opérationnelle », autrement dit : des plans drastiques d’économies. Cela s’est traduit en 4 ans par la suppression de 19% de CDI,  équivalent à 1350 postes  de moins en magasin.

Cette stratégie est largement impactée par les fameux plans de rémunérations variables pluriannuels (LTI) dont Alexandre est un des principaux bénéficiaires. Pour rappel, 27M€ ont servi à l’enrichissement personnel de nos dirigeants en 2015 et au total ces plans ont pesé pour plus de 30 Me dans les comptes. Cela est  à mettre en parallèle des 85M€ de Résultat Opérationnel  du groupe.

Quel entreprise du CAC 40 verse t elle + de  40% de ses résultats à son PDG ?

L’introduction de nouvelles familles est loin d’atteindre les objectifs attendus, et ne permet pas d’enrayer la baisse de CA des magasins.

La communication sur l’excellence opérationnelle des équipes ne reflète pas les arbitrages du PDG concernant la baisse des effectifs et le manque accru de formation.  Les investissements magasins ne représentant que 25M€ pour un groupe qui génère + de 3,8 milliard d’euros. Ces choix sont à l’opposé des attentes de qualité de l’expérience client prônée par l’entreprise.

Malgré la stabilité et la maitrise de la trésorerie communiquée par la Fnac, il est urgent de s’alarmer sur son devenir ! En effet, quelle conséquence aura le premier versement de dividendes à des actionnaires devenus impatients de toucher les fruits de leurs investissements. Il apparait inéluctable qu’un versement devrait arriver sur les prochains exercices.

L’entreprise a-t-elle réellement mesuré l’impact de ces versements à venir ?

Le développement du réseau se fait essentiellement par la franchise et interroge sur la volonté de la Fnac de pérenniser l’enseigne en nom propre.

Le fait qu’aujourd’hui, la croissance soit liée au développement des franchises et ne repose pas sur  le commerce réalisé par les vrais magasins Fnac alerte sur le devenir  et la vision d’Alexandre Bompard sur notre groupe et ses salariés.

Toute la communication sur les résultats de la stratégie commerciale  de Bompard s’effondre dès que l’on fait l’effort de regarder attentivement les chiffres communiqués et les arbitrages comptables réalisés.

Et ce n’est pas l’acquisition de Darty qui va inverser la tendance….bien au contraire. Pour rappel, Bompard  avait prévu d’acheter Darty pour 720 millions d’euros, mais c’est 1.16 milliard d’euros qu’il a dû débourser. Une somme énorme sachant que le bénéfice de Darty pour 2015 n’est que de 13 millions d’euros.

Les synergies d’achat ne suffiront pas,  loin s’en faut,  pour réaliser les 130 millions d’euros d’économie annuels nécessaires. Tout nous porte à penser qu’une casse sociale naitra de l’union Fnac/Darty. Et ce n’est pas le silence persistant de Bompard sur la stratégie du Groupe, qu’il envisage de mettre en place,  qui peut nous rassurer.

Au-delà  des considérations syndicales, nous sommes ici pour alerter l’ensemble des acteurs de la Fnac : salariés, dirigeants, actionnaires,  ainsi que les acteurs politiques sur les conséquences que nous estimons grave sur le devenir de l’enseigne et de ses salariés.

Nous demandons à l’ensemble de ces acteurs de prendre conscience de l’état réel dans lequel se trouve le groupe et d’en tirer les conséquences.

Les journalistes ont demandé des précisions sur les arguments de la CGT sur les prémices de la casse sociale. Les élus évoquent le 1er PSE  annoncé sur le siège. De plus les synergies attendues sont basées sur des économies à hauteur de 130 millions d’€ par an et ne pourront pas se faire uniquement sur les achats. La logistique va être impactée assez rapidement. Sachant que Bompard ne communique sa stratégie qu’à très court terme.

Et que sa référence « prétexte » reste Amazon ! Alors que cette enseigne  ne réalise aucun CA en France.

Les questions portent aussi sur les modalités du rapprochement avec Darty : inquiétude sur la coexistence des deux enseignes, les corners, métiers et produits distincts,  etc…

Une question importante émerge sur la rémunération des actionnaires, à savoir quand vont-ils  réclamer leurs dividendes et surtout la Fnac sera-t-elle en capacité de les reverser ?

Cela parait difficile pour la CGT sachant que le PDG empoche déjà 40% du RO.

Les  journalistes interrogent  les élus sur la possibilité  de fermetures de magasins Darty ou Fnac ? Là, il faut prendre conscience que les dirigeants sont des financiers et non des commerçants donc cela parait probable.

Les élus CGT se félicitent de l’intérêt que la presse a porté à cette Conférence.

Ci-joint les principaux articles parus à 23 heures.

Sur périscope en direct voir cgtDarty idf

L’Express, le Figaro, Ouest France, Boursorama, France Soir, LSA, Challenges, Libération,

Le Monde économique, Les Echos, l’Humanité, Zone Bourse, France Inter, Le Parisien.