La négociation obligatoire portant sur la Gestion des Emplois et des Parcours Professionnels (GEPP), ouverte au niveau du groupe Fnac Darty en Avril dernier a abouti à une nouvelle signature du duo CGC/
CFTC.
Cette négociation doit en principe éviter la casse sociale en anticipant les futures évolutions de nos métiers. Et peut servir, à travers une cartographie complète du travail réel dans l’entreprise (charge de travail, pyramide des âges, turn-over, mobilité interne, …) à tirer une analyse fine dans le but de résoudre les dysfonctionnements
et améliorer le quotidien des salariés.
Un défaut de périmètre
Le choix de faire une négociation sur tout le groupe Fnac Darty n’était déjà pas un bon signe. En effet,
comment est-il possible d’avoir une analyse pertinente quand la plupart des métiers n’existent que dans une
seule enseigne, et que les professions communes à la Fnac et à Darty sont pratiquées de manière
radicalement différente ? Comment améliorer le quotidien des salariés en englobant à l’échelle nationale une
pénibilité qui n’est pas toujours liée à des métiers spécifiques (même si les livreurs ou libraires, par
exemple, triment partout), mais bien souvent la conséquence du niveau d’effectif du collectif de travail où on
exerce ses tâches ?
Le combat des chefs
Dès la 2ème réunion, le département des ressources humaines a présenté son nouvel outil de gestion d’effectifs, avec des prévisions de coupes drastiques, surtout du côté Fnac. Juste le temps d’une frayeur ? Dès la réunion suivante, ces prévisions ont été contredites par les responsables de l’exploitation, qui ont donné des chiffres bien moins alarmant. En fait, les prévisions faites par les RH étaient basées sur l’activité et les résultats économiques à fin septembre 2020, post déconfinement et vacances d’été ! On pourrait presque en rire si le sort de plusieurs milliers de salariés n’était pas en jeu. Quoi qu’il en soit, l’accord prévoit que dans les 6 mois post signature, chaque CSE sera informé des prévisions pluriannuelles d’effectifs. La direction a-t-elle reculé pour mieux sauter ? On le saura à la prochaine rentrée…
Une fossoyeuse nous parle de reclassement
Qu’elle ne fut pas notre surprise de découvrir Myriam El Khomri, qui ne connaissait pas le nombre légal de
renouvellement possible de CDD quand elle était ministre du travail, venue en consultante pour nous parler
de la reconversion professionnelle. Mais après tout l’ancienne ministre maintenant salariée du groupe de
courtage Sciaci St Honoré a bien réussi la sienne ! Elle venait faire la réclame d’un butin de 500 millions €
mis sur la table pour aider les patrons qui suppriment des métiers à former les salariés concernés pour qu’ils
« transitionnent » vers des métiers en devenir. Concrètement, c’est le passage d’un métier de caisse vers les
EPHAD dont on parle tant qui était proposé, sur le modèle d’accord conclu entre Monoprix et Korian. Seule
bonne nouvelle, l’accord signé ne prévoit pas ce type de partenariat entre gros groupe privés financé par le
contribuable.
En bref
Les vrais problèmes des salariés ont été éludés. Il n’a jamais été possible d’introduire l’analyse
des tâches et de la charge de travail dans les prévisions d’effectifs de la direction. Qui n’a pas
loupé l’occasion d’introduire un nouveau référentiel de compétences, très axé sur le savoir-être,
qu’elle entend certainement substituer à nos définitions de métiers en vigueur. Le but de la
direction est d’effacer le savoir-faire au profit d’une agilité permettant que tout un chacun soit
muté au sein de nos enseignes. Pour notre organisation syndicale tout cela est inadmissible, et il
est temps que les salariés du groupe expriment bruyamment leur mécontentement quotidien.